Le nouveau rôle du manager à l’ère de l’IA

À l’heure d’une transformation numérique accélérée par la crise, le manager, pierre angulaire des organisations, doit se réinventer afin d’apprendre à collaborer avec l’IA et guider les équipes à travers les mutations et les opportunités de cette technologie.

Le manager, au cœur de la transformation numérique

Au-delà des enjeux liés à l’arrivée de l’IA dans les organisations, d’autres facteurs participent à la mutation de la fonction de manager.
La transformation numérique a mis en relief une tendance de fond observée depuis plusieurs années : la demande accrue des collaborateurs pour plus de flexibilité, moins de management en « silo », plus de vision collaborative et de sens. De fait, la crise sanitaire actuelle, a imposé à la société entière la distanciation, et dans cette même période, pour les collaborateurs des entreprises, le télétravail s’est largement accru, rendant les frontières plus poreuses entre vie privée et vie professionnelle, entre sphère « réelle » et virtuelle.

Apprendre à manager par écrans interposés, accompagner de manière individuelle et collective le changement, trouver le juste équilibre entre les nécessaires points de contact physiques et virtuels sont de nouveaux enjeux pour les managers.

Quant à l’IA, par sa capacité à modifier les contenus des métiers et bouleverser la structure de l’emploi au sein des organisations, elle est un challenge en soi.
Cette technologie peut accompagner le manager sur le côté « transactionnel » de sa fonction, à savoir la gestion au quotidien des budgets, plannings et autres tâches répétitives, et devient indispensable à de multiples titres. La gestion des relations humaines, notamment d’une équipe, nécessite des atouts typiquement humains que l’IA ne possède pas : la capacité à donner du sens, à motiver, à gérer les crises, et à se porter garant des performances et des résultats.

Une nécessaire complémentarité des managers avec l’IA

 La fonction de manager se décline sur la prise de décision, l’encadrement et la motivation des équipes et la définition puis l’exécution d’une vision stratégique.
S’il est peu probable qu’une IA remplace un humain sur l’entièreté de ces domaines, le manager, comme tous les métiers, va devoir apprendre à collaborer avec cette technologie.
Par sa capacité d’analyse de gros volumes de données, l’IA peut s’avérer bénéfique en tant qu’aide à la décision, ce qui nécessite un certain lâcher-prise de la part du manager sur ce volet. Acquérir une vision critique et une culture IA afin d’avoir du recul et d’adapter si nécessaire les analyses de l’IA est donc primordial pour que la collaboration homme/machine soit efficiente. Le manager doit savoir penser des systèmes de flux de data, savoir apprendre des IA ainsi que les contrôler et repérer les bugs.

Il doit également développer sa complémentarité avec l’IA, transformer ses propres objectifs et tâches pour se concentrer sur la vision stratégique et l’accompagnement des équipes pour les guider vers de nouvelles compétences. Pour cela, le manager doit adopter une posture de leader, en mettant en avant sa capacité à encadrer et à motiver, en privilégiant tout ce que l’IA ne maîtrise pas comme l’écoute attentive, l’empathie et la bienveillance. Il doit apprendre à ses collaborateurs à questionner pour pouvoir interagir avec les systèmes, et apprendre à faire émerger de l’intelligence collective pour que chacun repense son métier et ses compétences.

À l’ère de l’IA, le manager (toujours) partenaire du changement

Les entreprises, au-delà des compétences techniques spécifiques, recherchent des profils qui sauront s’adapter aux changements, qu’ils soient en termes de tâches voire même de métier.
L’esprit de communication, de collaboration et de créativité est très recherché car ces aptitudes sont le socle d’une complémentarité avec l’IA efficace. Les managers doivent donc, avec l’appui des RH, sélectionner des profils qu’ils pourront faire s’épanouir sur le long terme.

Entre innovation, performance, soin de l’individu et sens du collectif, le manager est la clé de voûte du sentiment d’appartenance à une équipe, en créant les conditions de création et de pérennité de rituels communs, sources de bien-être et d’émulation. Le style du manager est toujours en mouvement pour s’adapter aux changements internes et externes à l’organisation, et assurer ainsi une cohésion et une productivité des équipes.

Si cette description du rôle du manager est antérieure à l’implémentation grandissante de l’IA en entreprise, elle a pris une dimension supplémentaire face aux bouleversements massifs que provoque cette technologie. L’adaptabilité, l’assertivité, la reconnaissance des signaux faibles parmi les comportements des équipes font du manager un partenaire précieux du changement. Alors que le manager d’hier était en charge de l’ordre et de la cohérence, le leader de demain impulsera le mouvement, la cohésion et l’appropriation par chacun des enjeux du changement.

La fonction managériale est profondément transformée par l’arrivée de l’IA en entreprise. Le manager doit non seulement s’acculturer et apprendre à travailler avec cette technologie, mais également accompagner ses équipes dans le même mouvement. La posture de leader pour donner du sens, favoriser la collaboration et accompagner les collaborateurs permettra au manager de conserver son rôle phare dans l’entreprise en renforçant sa dimension de « donneur de sens » plus que celle de « donneur d’ordre ».