6ème édition du baromètre MEDEF – ODOXA : la perception de l’IA et son usage dans les entreprises.
L’IA une innovation sur la voie du progrès
Toute innovation est une nouveauté, une œuvre de l’esprit mais pas nécessairementun progrès. L’innovation même technologique et le progrès ne se confondent pas nécessairement et les Français ont parfois un comportement frileux vis-à-vis du progrès. Or sans l’adhésion au progrès et l’adoption des technologies aucune innovation ne peut prospérer, aucune politique d’innovation ne peut aboutir. Les Français ne s’opposent pas « par principe » à la nouveauté ils considèrent même que la croissance économique est compatible avec le progrès et le progrès avec l’environnement. Mais pour faire progrès l’innovation doit reposer sur une perception commune et partagée par tous des bénéfices, être largement diffusée, accessible à tous et d’un usage fiable et éprouvé, réputé sans risque dans le respect de l’intérêt général et donc pour le moins de l’environnement, de la santé et des libertés publiques. « Le progrès c’est le pas collectif de l’humanité » déclarait Victor Hugo.
Cette grille de lecture est le fruit du baromètre progrès lancé dès 2019 avec l’institut d’opinion ODOXA, qui permet chaque année de mesurer l’évolution d’une famille de technologies dont celles du numérique sur les principaux critères d’adhésion au progrès et d’adoption des technologies. Cette évaluation est complétée par un thème focus sur l’un des critères précités ou sur une technologie phare. Pour sa 6ème édition, en 2024, le baromètre progrès MEDEF – ODOXA a plus spécifiquement porté sur la perception de l’IA et son usage dans les entreprises. Deux enquêtes ont été parallèlement conduites en septembre – octobre 2024 à l’appui d’un sondage auprès du grand public et auprès des salariés dans leur ensemble (50% du panel), complété par une consultation des alumni des écoles CentraleSupelec sur leur pratique de l’IA dans l’entreprise. Ces enquêtes ont permis d’identifier le niveau d’usage, d’adoption ou de réserve que suscite l’IA et de dresser des comparaisons entre le grand public – les salariés dans leur ensemble et les ingénieurs en particulier.
En plein développement L’IA pour être totalement assimilée à un progrès doit entrer davantage dans le quotidien de la population afin d’en mieux partager les bénéfices et faire l’objet de régulations notamment éthique pour en favoriser les usages en toute confiance.
Plus elle est utilisée plus l’IA est considérée comme une opportunité
C’est le cas pour 77% de ceux qui l’utilisent régulièrement, mais aussi de la majorité des cadres, des étudiants et des 25-34 ans. A l’inverse elle suscite plutôt de la méfiance par ceux qui ne l’utilisent pas : 57 % des Français la considèrent surtout comme une menace
Le potentiel d’adoption de l’IA est cependant prometteur : 80% des Français estiment en effet que l’IA est un outil incontournable qu’il faudra maîtriser, 66% pensent qu’elle va améliorer la qualité des emplois et 61% qu’elle va en créer de nouveau, signe que les salariés anticipent une transformation profonde de leur environnement de travail et de leurs compétences. D’ailleurs 53 % des salariés déclarent que l’IA est déjà utilisée dans leur entreprise ou le sera bientôt. Son développement est principalement perçu comme une opportunité pour la santé (66%), la productivité (61%), la création d’entreprises (58%).
L’usage est plus répandu dans la vie professionnelle mais reste encore minoritaire dans l’ensemble de la population
L’utilisation de l’IA est 4 fois plus fréquente (52%) chez les cadres ingénieurs que chez les salariés dans leur ensemble qui ne sont que 13% à utiliser l’IA.
Les applications ne manquent pas et se développent dans plusieurs tâches quotidiennes de l’entreprise Le gain de temps, cité par 52% des salariés, est l’avantage principal de l’IA, ce qui illustre son rôle de catalyseur d’efficacité. Toutefois, l’intérêt ne se limite pas à cette dimension pragmatique. 44% des utilisateurs déclarent que l’IA améliore la qualité de leur travail, Elle permet de faire progresser certaines populations en leur permettant d’accomplir des tâches qui leur étaient jusque-là inaccessibles. Et il est intéressant de noter que ce sentiment est plus fort encore chez les employés (46%) et les 35-49 ans (37%) pour lesquels l’IA peut constituer un levier de développement des compétences professionnelles.
Une demande d’accompagnement à satisfaire
Le développement de l’IA est plus considéré comme un risque pour la société que pour l’entreprise et les réserves qu’elles suscitent orientent les demandes de régulation et de formation.
Ainsi, plus de 2 Français sur 3 perçoivent aujourd’hui l’IA comme une menace pour la souveraineté de notre pays (68%), la démocratie (69%), la véracité de l’information (71%), la propriété intellectuelle (72%) et l’utilisation des données personnelles (81%) autant de domaines sur lesquels la nécessité de rassurer est importante, et qui faisaient déjà partie des principales craintes liées au déploiement de l’Internet au début des années 2000. La question de la protection des données personnelles est devenue centrale, à la suite de divers scandales qui ont révélé les risques d’utilisation abusive de ces informations. La propriété intellectuelle et la véracité de l’information sont également des sources d’inquiétude, notamment face à la montée des deepfakes et à la manipulation de l’information par des IA sophistiquées.
8 français sur dix (79 %) demandent une régulation de l’IA, priorisant l’éducation (40 %) manifestant ainsi une prise de conscience quant à la nécessité d’adapter les compétences aux nouveaux outils technologiques. Le développement d’une IA responsable (39%) est également une priorité, dans un contexte où les questions éthiques prennent de plus en plus d’importance.
Les besoins en formation portent davantage sur les risques de l’IA (55%) et l’éthique/réglementation (47%) plutôt que sur ses usages. Ces attentes révèlent une volonté de maîtriser les dangers de l’IA avant d’en exploiter les bénéfices. Elles reflètent une demande de transparence et de contrôle face aux dérives possibles de l’IA.
Rappel méthodologique
Enquête- Sondage réalisée par internet du 4 au 12 septembre 2024.
- Echantillon de 2 008 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus dont 1 074 salariés.
- La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Et complétée par une enquête comprenant des questions communes à celle du sondage auprès d’un échantillon de 550 alummi de CentraleSupélec